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Début de notre dossier sur la crise financière d’octobre 2008 avec les raisons expliquant l’apparition de la crise aux États-Unis, décryptage par Lafinancepourtous et Kevin Koudjee.
La crise actuelle a débuté avec les difficultés rencontrées par les ménages américains à faible revenu pour rembourser les crédits qui leur avaient été consentis pour l’achat de leur logement.
Ces crédits étaient destinés à des emprunteurs qui ne présentaient pas les garanties suffisantes pour bénéficier des taux d’intérêt préférentiels (en anglais « prime rate »), mais seulement à des taux moins préférentiels (« subprime »).
Un Subprime est un crédit à risque que l’on va offrir à un client qui ne présente pas toutes les garanties nécessaires et suffisantes pour bénéficier des taux d’intérêts préférentiels. Aux USA, il s’agit d’un crédit hypothécaire (immobilier) dont le logement du client (emprunteur) est pris en garantie en cas de défaut de paiement.
L’endettement des ménages américains a pu s’appuyer sur les taux d’intérêt extrêmement bas pratiqués pendant des années par la Banque centrale des États-Unis (la « FED ») à partir de 2001 après la crise boursière sur les valeurs « Internet ». Il s’agit de la bulle Internet, c’est-à-dire une bulle spéculative réalisée sur les marchés financiers qui ont surévalué les actions des produits liées aux nouvelles technologies (télécommunications, informatique). Cela a duré de la fin des années 1990 à mars 2000 où la bulle spéculative a atteint son apogée.
En plus de prêter à un taux bas, les crédits étaient rechargeables, c’est-à-dire que régulièrement on prenait en compte la hausse de la valeur du bien, et on autorisait l’emprunteur à se surendetter du montant de la progression de la valeur de son patrimoine.
Cela a soutenu la forte croissance des États-Unis, mais a fortement endetté les ménages moyens.
Les crédits « subprime » ont été gagés par une hypothèque sur le logement acheté, l’idée étant que les prix de l’immobilier aux Etats-Unis ne pouvaient que grimper. Dans ces conditions, une défaillance de l’emprunteur devait être plus que compensée par la vente du bien hypothéqué.
Autre caractéristique, ces crédits ont été souvent accordés avec des taux variables. Plus précisément, les charges financières de remboursement étaient au démarrage très allégées pour attirer l’emprunteur. Elles augmentaient au bout de 2 ou 3 ans et le taux d’emprunt était indexé sur le taux directeur de la FED.
Ces taux sont ainsi appelés parce qu’ils jouent un rôle déterminant sur le taux de l’argent au jour le jour. En ce qui concerne l’Europe, la Banque Centrale Européenne dispose de trois taux directeurs. Le plus important est celui des opérations principales de refinancement : c’est le principal outil de pilotage de la BCE et c’est vers lui que tous les regards se portent lorsqu’une décision de hausse ou de baisse est attendue ou espérée. L’organe qui fixe ces taux directeurs est le Conseil des Gouverneurs de la BCE. (Source : lexique de la banque et des marchés financiers, éd. Dalloz)
Revenons aux ménages américains, voici un premier schéma qui illustre la situation de leur emprunt et la répercussion souhaitée :
La Banque Centrale a progressivement relevé ses taux de 1 % en 2004 à plus de 5 % en 2006 pour tenir compte de l’évolution de l’inflation et de la croissance américaine. Les charges financières des emprunts se sont considérablement alourdies. Un nombre croissant de ménages n’a pu faire face.
Les arbres ne sont pas montés jusqu’au ciel et les prix de l’immobilier ont fini par se retrouver à la baisse dans l’ensemble des États-Unis. Résultat : la valeur des habitations est devenue inférieure à la valeur des crédits qu’elles étaient supposées garantir. L’afflux des défaillances des emprunteurs et des reventes de leurs maisons hypothéquées a accéléré la baisse des prix de l’immobilier. Les pertes se sont donc accumulées également du côté des prêteurs. Des établissements de crédits spécialisés se sont, les premiers, retrouvés en difficulté.
À l’été 2007, le taux de non remboursement sur les crédits « subprime » dépassait 15 % contre 5 % en moyenne à la même époque pour l’ensemble des crédits hypothécaires aux États-Unis, chiffre lui-même record depuis 1986. Certes, les défauts de paiement ne conduisent pas tous à la faillite de l’emprunteur et à la vente du bien hypothéqué. Mais on estimait, fin août 2007, que près d’1 million d’emprunteurs avaient perdu leur logement. Ce qui pourrait concerner in fine quelque 3 millions de ménages américains.
Sur la base d’un taux de défaillance de 15 % (taux de remboursement des crédits), l’évaluation initiale du coût financier de la crise des « subprimes » était de 160 milliards de dollars. Un montant important, certes, mais pas de quoi provoquer une crise financière mondiale.
Il nous importe maintenant de savoir et de comprendre comment la crise des subprimes s’est disséminée en une crise financière, affectant ainsi les plus grandes banques américaines et mondiales.
Suite du dossier : Comment la crise s’est-elle disséminée ?
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