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Continuons notre dossier sur la crise financière d’octobre 2008 avec l’analyse du rôle des banques centrales. Fimarkets nous présente le rôle des banques centrales en temps normal et leurs rôles durant cette crise.
La crise financière actuelle a mis sur le devant de la scène les banques centrales qui jouent un rôle important à la fois au cœur des marchés en tant que régulatrices de la quantité (masse monétaire) et du prix (taux à court terme) de la monnaie, et au-dessus des marchés en tant qu’autorités de surveillance. Le présent article vise à décrire un peu plus précisément l’action des banques centrales en ce qui concerne le premier volet et ce faisant, à dissiper quelques incompréhensions dues aux raccourcis souvent opérés dans la presse à ce sujet assez technique il faut bien le dire.
Les banques commerciales interviennent sur le marché interbancaire pour placer leurs liquidités excédentaires ou au contraire pour obtenir des liquidités, ou pour lisser leur trésorerie prévisionnelle en fonction des mouvements de fonds qu’elles prévoient. Les paiements interbancaires se font exclusivement en monnaie centrale, c’est-à-dire par mouvements entre les comptes que les agents bancaires détiennent à la banque centrale.
En fonction des tensions constatées sur le marché interbancaire, la banque centrale intervient pour injecter ou au contraire retirer des liquidités. Ces interventions lui permettent d’influer sur les taux pratiqués sur le marché interbancaire, qui eux-mêmes déterminent les taux auxquels peuvent emprunter les agents non bancaires, et ainsi de contrôler la croissance de la masse monétaire afin d’éviter l’inflation (objectif principal de la BCE tel que le traité de Maastricht l’a établie).
Au sein de l’Eurosystème (ensemble formé par par la BCE (Banque Centrale Européenne) et les Banques Centrales), ces interventions se font principalement:
En permanence, par le biais des réserves obligatoires, qui imposent aux banques d’immobiliser une partie de leur trésorerie à la banque centrale. Cette disposition contraint les banques à venir plus souvent se refinancer auprès de la banque centrale et permet donc à celle-ci de mieux contrôler les taux.
Au jour le jour, par le biais des facilités permanentes, auxquelles les banques ont un accès discrétionnaire (à condition d’apporter des garanties suffisantes pour les prêts, cf plus bas). Les facilités permanentes sont des prêts (facilité de prêt) ou des emprunts (facilité de dépôt) d’une durée de 1 jour consentis par la banque centrale à tout établissement de crédit titulaire d’un compte dans ses livres qui en fait la demande.
A une semaine ou à 3 mois, par le biais d’apports de liquidité sous forme de prêts aux établissements de crédit négociés par voie d’appels d’offres. Cette fois le montant global alloué est plafonné par la BCE en fonction de ses prévisions de liquidité du marché interbancaire. Ce sont donc les établissements qui font les meilleurs offres qui seront « servis » en premier.
Les taux de rémunération des facilités permanentes constituent 2 des taux directeurs de la BCE, celui de la facilité de dépôt étant le plancher et celui de la facilité de prêt le plafond d’un « corridor » au sein duquel va s’établir le taux des prêts-emprunts que les banques négocient entre elles (l’EONIA). Le taux des appels d’offres hebdomadaires ou « opérations principales de refinancement » constitue le le principal taux directeur de la BCE et est situé très exactement au milieu du « corridor ».
D’autres instruments de mise en œuvre de la politique monétaire sont à la disposition de la BCE mais il serait trop long de les détailler ici. De même, les autres banques centrales comme la Federal Reserve ou la Bank of England interviennent également avec des outils similaires.
Cependant, il est très important, en particulier en ce qui concerne les opérations d’octroi de liquidité, d’avoir en tête que :
Ce sont des prêts consentis par la banque centrale aux établissements de crédit, que ceux-ci vont donc devoir rembourser. Quand on dit que la banque centrale « injecte des liquidités », cela ne signifie donc pas qu’elle fait marcher la planche à billets.
Elles n’ont pas pour objectif de renflouer un ou plusieurs établissements de crédit en particulier. Tous les établissements de crédit y ont en effet accès, et l’objectif de l’opération est d’agir sur le marché monétaire dans sa globalité.
Ces opérations se font systématiquement contre des garanties, titres ou créances, que les établissements remettent à la banque centrale. Si l’établissement est en défaut, et ne peut pas rembourser, la banque centrale conserve les titres et les vend sur le marché pour rembourser le prêt.
En temps normal, les établissements de crédit ne vont se refinancer auprès de la banque centrale qu’en dernier recours, car il peuvent en principe trouver des conditions plus avantageuses sur le marché interbancaire. Tout le jeu - subtil - de la banque centrale consiste donc à entretenir un certain déficit global de liquidité de façon à contraindre les banques à venir se refinancer auprès de la banque centrale juste assez pour que celle-ci puisse maintenir son contrôle sur les taux mais pas trop pour ne pas créer une situation de déficit général de liquidité qui bloquerait les circuits financiers normaux.
En temps de crise, la confiance mutuelle que se font généralement les établissements de crédit est mise à mal : chacun soupçonne les autres d’aller plus mal que lui, et de ce fait les transactions sur le marché interbancaire ne se font plus. Les banques qui ont des excédents de trésorerie répugnent à placer ceux-ci auprès de leurs consoeurs, et celle qui ont un besoin de financement ne trouvent pas à se couvrir sur le marché. Elles vont donc toutes se tourner vers la banque centrale.
En parallèle, la valeur boursière des titres chute, or ceux qui acceptent encore de prêter ne le font que contre des garanties : le gisement de collatéral disponible pour obtenir du refinancement tend également à s’assécher. La crise actuelle, partie du marché du crédit avec la crise des subprimes, est particulièrement symptomatique de ce type de situation. Ainsi, la quantité de titres disponibles a même chuté dans la mesure où les émissions nouvelles d’actifs issus de la titrisation ont quasiment stoppé, et où les actifs titrisés présents sur le marché, y compris ceux qui pourraient en temps normal être considérés comme « sains », ont perdu considérablement de la valeur.
Dans ce contexte, que peuvent faire les banques centrales ? Tout d’abord il faut se convaincre qu’elles ne vont pas pouvoir, ni à court ni à moyen terme, agir sur les causes de la crise qui dépasse largement leur périmètre d’action. Par contre les outils dont elles se sont dotées peuvent leur permettre d’assouplir les tensions constatées sur le marché monétaire.
Dans l’immédiat, les banques centrales vont donc se substituer au marché interbancaire, bloqué, pour fournir davantage de liquidité en:
Allongeant la maturité des opérations de refinancement, ce qu’à fait la BCE en augmentant le montant de ses opérations à 3 mois, et en créant une nouvelle opération de refinancement à 6 mois.
Augmentant la fréquence et le volume des opérations d’apport de liquidité : la BCE a déclenché 6 opérations d’apport de liquidité à 3 mois et 2 opérations à 6 mois depuis juillet 2008 (les opérations à 3 mois ont normalement lieu tous les mois).
Elargissant l’éventail des créances ou titres admis en collatéral, ce qu’a fait la Federal reserve en acceptant en garantie l’équivalent américain des billets de trésorerie (commercial paper).
Elargissant l’éventail des contreparties éligibles (banques) au refinancement direct auprès de la banque centrale : la BCE l’a fait en autorisant l’ensemble des banques éligibles aux opérations principales à participer à certaines opérations plus spécifiques (non décrites dans ce document), dites de « réglage fin ». Sur ce plan la Fed est allée beaucoup plus loin en donnant l’accès à ses opérations à des agents non bancaires.
Renforçant la coopération internationale entre banques centrales :
Ainsi la Fed et la BCE ont conclu un accord de « swap » permettant aux établissements de crédit européens de venir se refinancer en dollar, via la « Term Auction Facility » de la Fed, auprès de la BCE contre du collatéral éligible aux opérations de refinancement en Euro. En effet depuis le début de la crise les établissements européens ont du mal à se refinancer en dollars.
La récente baisse des taux directeurs s’est fait simultanément sur plusieurs places, en concertation entre les banques centrales concernées (Union Européenne, États-Unis, Canada, Grande-Bretagne, Suisse, Suède) .
La Federal Reserve est allée encore plus loin en intervenant directement auprès de certains établissements comme AIG, ce que la BCE n’a pour le moment jamais fait (et ne fera probablement pas, ni ses statuts ni ses moyens ne le lui permettant).
Ces actions à court terme visent à rétablir la confiance au sein du marché interbancaire, mais il ne faut pas oublier que les banques centrales agissent également en tant que régulateurs et autorités de surveillance. A ce titre elles participent à la réflexion concernant les moyens de prévenir la survenance de crises de ce type, et participeront à la mise en œuvre des décisions qui en découleront. Il est encore trop tôt pour connaître les modifications du paysage réglementaire que la crise va induire, mais il est certain que seules une négociation et une mise en œuvre au niveau international leur donneront une réelle efficacité.
Suite du dossier : Les conséquences de la crise sur la Bourse
Article précédent : Comment la crise s’est-elle amplifiée ?
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le rôle des banques dans la propagation de la crise de surprime