Balloon : Conférences interactives par 3 jeunes diplômés

Andreï Vestemeanu a accepté, au nom de son équipe, de répondre à plusieurs de nos questions. Il nous parle ici d’innovation, de boostrapping, d’itération et incubateur. Découvrez Balloon, solution interactive pour les conférences et manifestations.

Qui êtes vous ? Quel est votre parcours ?

Je suis Andreï Vestemeanu. J’ai fait HEC (diplômé en 2010).
Romain, lui, a fait Audencia Nantes dont il a été diplômé en 2010.
Guillaume, a fait des études d’ingénieur aux Mines de Saint-Etienne avant de faire un MS à HEC en 2009-2010.
Avec Romain, nous nous connaissons depuis l’âge de 10 ans. J’ai rencontré Guillaume l’année dernière en cours. L’équipe s’est formée en Septembre 2010.
Pour ma part, j’ai toujours aimé l’entrepreneuriat, mais sans jamais vraiment oser me lancer auparavant. Les seules vraies aventures que j’avais pu avoir étaient l’organisation de voyages backpack avec des amis.
Romain, lui, avait déjà eu 2 expériences étant étudiant. Il était le co-fondateur du site vOtons.info qui avait pas beaucoup buzzé durant la campagne présidentielle de 2007 Il avait remis ça pour les municipales de 2008.
Guillaume code depuis qu’il a 14 ans. Il a créé des sites web, des applis iPhone (téléchargez Pilouz, c’est vraiment une tuerie) et avait créé une boîte d’édition de jeux iPhone il y a quelques années.

Pourquoi Balloon ?

Organiser une conférence où le public ne participe pas est peu productif. Tu es frustré de ne pas participer (ce que tu fais partout sur le web), les 5-6 questions que la salle se pose ne sont pas traitées et bien souvent le tu repars avec plus de questions que de réponses.
Balloon développe et commercialise des applications qui te permettent de participer de manière simple sans perturber la conférence, via ton mobile.

Tu peux poser une question, commenter, réagir au moment où tu le souhaites via ton téléphone portable. Les questions sont modérées puis affichées sur les smartphones des gens, sur les écrans de la salle, et sur l’écran de retour de l’intervenant. L’intervenant y répond pendant la conférence et après (pour les questions qu’il n’a pas eu le temps de traiter en direct).

Nous aidons donc les organisateurs a créer des conférences collaboratives et à rendre le temps de leur conférence plus productif.
Nous avons testé le concept pour la première fois en Février 2010 sur des conférences à Sciences Po. Depuis, nous avons travaillé avec des entreprises comme L’Oréal, Canal+, Publicis, Capgémini… mais aussi des organismes comme TechCrunch, La Cantine, Mobile Monday…

Pourquoi avoir choisi ce secteur ?

Nous sommes tous les trois passionnés par les nouvelles technologies mobile et web. Nous assistions régulièrement à des conférences.
Nous avons donc trouvé un créneau qui allie ces deux passions.

Comment s’est passé la création d’entreprise ?

Romain et moi étions partis sur un concept un peu différent avec un troisième ami, Pierre Valade. Pour faire court, il s’agissait d’un Twitter géolocalisé. Après avoir testé le concept sur des campagnes BDE, des soirées d’école ou bien des forums d’entreprises dans des écoles, nous l’avons mis en place sur des conférences à Sciences Po.

Comme je disais, nous assistions à beaucoup de conférences et étions frustrés de ne pas pouvoir poser plus de questions, nous étions frustrés que ce soit toujours 1 ou 2 personnes qui monopolisent la parole. Nous nous sommes dits que ce serait formidable que pour une fois ce ne soient pas les questions des plus “courageux” qui soient traitées, mais tout simplement les questions les plus intéressantes.

Nous avons tout de suite vu la valeur créée: beaucoup plus de participation (jusqu’à 40% de participants dans le public), 3 à 4 fois plus de questions traitées, une communauté plus impliquée dans l’événement. 
Pour ce qui est de passer à l’acte, nous voulions avec Pierre et Romain nous amuser lors de notre dernière année d’école. On l’a débuté comme un projet étudiant puis un beau jour nous nous sommes dits “Tiens, si on essayait de le vendre à quelqu’un?”. C’est là que l’on s’est mis en mode création d’entreprise.

Quelle a été votre stratégie de départ ?

Au départ, nous avons fait quelques conférences gratuites à Sciences Po. Cela nous a aidé à valider le besoin et le concept, et itérer rapidement en fonction des retours que l’on avait et de nos impressions.
Une fois cette étape validée, nous nous sommes tournés vers les entreprises pour leur vendre notre solution pour leurs séminaires.

Nous avons continué dans cette voie, en travaillant régulièrement à la prestation.

Nous sommes alors passé à une stratégie plus clef en mains: de plus en plus de nos clients font appel à nos services, et nous leur mettons à disposition le service et une formation téléphonique rapide.
Aujourd’hui, nous faisons encore des prestations pour les grandes entreprises mais passons progressivement vers un modèle WebApp.

Quelles ont été les premières difficultés ? Les premiers succès ?

Le premier succès a été de voir notre solution utilisée lors de la toute première conférence que nous avons couverte. Plus d’une centaine de questions ont été posées par une soixantaine de personnes en 1h30 dans un amphi de 150 personnes. C’était vraiment jouissif de voir que nous permettions à tant de gens de s’exprimer, que les participants adhéraient au concept et surtout que notre solution créait une réelle valeur ajoutée dans la conférence.

D’un point de vue plus commercial, le premier succès a été notre première vente. Nous avons réussi à vendre notre solution à Canal+ à peine 2 mois après l’avoir testée pour la première fois. Grand moment de jubilation dans le métro au retour du RDV!

Le moment où Guillaume nous a rejoint a peut-être été l’un des plus beaux succès. Alors qu’il avait signé un contrat de préembauche très bien rémunéré, il a décidé de nous rejoindre et prendre part à l’aventure avec Romain et moi. Une personne brillante faisait le pari de tenter sa chance avec nous sur ce projet plutôt que de rejoindre un grand groupe.

Pour ce qui est des difficultés, nous en rencontrons en permanence. La plus grosse jusque là a été le départ de Pierre. Il avait reçu une très belle offre à New York et a décidé de partir là-bas. Romain et moi nous sommes retrouvés sans développeur à ce moment là. Nous nous sommes posés de grosses questions. C’est là qu’on a pris un verre  avec Guillaume…

Avec le recul, quels conseils donneriez-vous aux futurs entrepreneurs ?

Parles de ton idée à tout le monde tout le temps.
Cela peut sembler antinaturel quand tu as une idée de création  d’en parler à tout le monde. Tu as l’impression qu’on va te piquer l’idée. Mais si c’est une bonne idée, il y a au-moins 10 autres personnes dans le monde qui l’ont eue, et si c’est une excellente idée, il y a au-moins 50 autres personnes dans le monde qui travaillent dessus.

Le fait de parler de ton idée à tout le monde (tes amis, tes parents, tes collègues, ton patron, ton chien même) te permet de voir quelles sont les choses qui ne vont pas, quels sont les points à améliorer. Parler de ton idée permet de gagner du temps et de voir ce que tu ne vois pas seul.

L’autre conseil que j’aimerais donner c’est de lancer très vite un prototype (avec les fonctionnalités minimales) et d’aller se confronter au marché. Rien n’a autant de valeur que les retours du marché et des clients/utilisateurs potentiels. Ce sont eux qui vont acheter et utiliser ton produit. Ce sont eux qui vont le construire avec toi. J’adore cette phrase de Marck Zuckerberg: “Launch fast and iterate. Facebook is a really good example of that”.

- Vous avez bénéficié de l’aide de l’incubateur HEC comment cela a pu vous aider ?

Nous avons été incubés à HEC en Septembre 2010.
Nous avons postulé par dossier fin Août. Nous avons été retenus avec une douzaine d’autres projets pour passer devant un jury d’investisseurs. Au final, nous sommes parmi les 11 projets sélectionnés parmi une soixantaine de projets de la promo 8 de l’incubateur.

L’incubateur a un vrai rôle d’accompagnement. Il nous aide à avancer sur des problématiques inhérentes à la création d’entreprise (vente, pitch, relations presse, levée de fonds…) et à être cadrés sur notre projet. C’est un vrai accélérateur pour notre projet.

Nous avons régulièrement des ateliers avec des “pointures” dans leur domaine, souvent d’anciens ou actuels entrepreneurs qui ont réussi. Nous avons par exemple eu la chance d’avoir des intervenants comme Jacques Birol, le fondateur de Keljob, ou bien encore Christophe Crémer, le fondateur de MeilleurTaux. Cela nous permet à chaque fois de bénéficier de leurs retours et conseils sur nos projets sur les problématiques précises dont je parlais avant. Guilhem Bertholet, le directeur de l’incubateur, nous voit régulièrement pour faire le point. Chaque fois qu’on le voit, il réussit à voir le point qui nous pose vraiment problème à ce moment là. Il nous aide à avancer dessus, nous pose les bonnes questions et nous donne des pistes de réflexion. Il a un rôle d’accompagnateur, de coach.

Enfin, on partage et échange pas mal avec les autres startups sur des problèmes sur lesquels nous sommes tous confrontés à différents moments. Si j’ai des problèmes juridiques, je peux être certain que l’une des startups de l’incubateur y aura déjà été confrontée. Si l’un de mes clients tarde à me payer, telle autre startup va me dire ce qu’elle a fait dans cette situation. C’est un réseau d’entrepreneurs qui ont compris qu’ils ont tout à gagner en échangeant.

- Quels sont les résultats de votre expérience d’entrepreneur ?

En chiffres, Balloon aujourd’hui c’est:
- 3 types super aux manettes (autopromo!)
- 5 mois d’existence
- 25 000 € de CA
- 15 prestations
- Une douzaine de clients dont 4 boîtes du CAC40
- 1889 questions traitées
-  712 utilisateurs uniques
On est très fiers de donner la possibilité à chacun de s’exprimer et de dire ce qu’il pense.
On est très fiers aussi que des personnes comme Pierre Belanger (le PDG de Skyblog), PKM (le fondateur de PriceMinister; Pierre Kosciusko Morizet), Guillaume Poitrinal (le PDG d’Unibail Rodamco), Maxime Valette (le fondateur de VDM), Loic Le Meur (le fondateur de LeWeb) aient utilisé notre service.

Nous voulons révolutionner les événements. Nous voulons aider à créer des événements vraiment collaboratifs. Des événements où chacun ait une réponse à ses questions, où chacun rencontre les personnes qu’il doit rencontrer, où chacun accède à tout le contenu qui l’intéresse. D’ici 3 ans nous voulons être LA solution de community management pour les organisateurs d’événements et la solution parfaite pour toutes les personnes qui vont assister à des événements.

C’est très ambitieux et c’est pour cela que nous avons débuté avec l’interaction durant les événements. C’est un réel besoin auquel nous répondons. Nous voulons développer très rapidement des solutions pour pouvoir trouver toutes les personnes que tu as intérêt à rencontrer sur l’événement auquel tu participes, voir toutes les conférences où tu serais intéressé d’aller, récupérer tout le contenu (slides, contacts…) qui t’intéresse…
A court terme (Janvier), cela se traduit par la mise en ligne de certaines offres clef en main sur notre site. Tu es organisateur de conférence (agence, entreprise, association…), tu vas sur notre site, tu trouves l’offre qui te convient et tu as ton Balloon pour ta conférence. D’ici Juin, nous voulons te permettre de récupérer tout le contenu de la conférence qui t’intéresse (slides, réponses aux questions), et trouver les gens qui participent à la conférence et que tu ferais bien de rencontrer.

Pour cela, on va commencer par déménager (nous cherchons des locaux pour Janvier) et recruter deux stagiaires dév pour aider Guillaume. L’idée est bien sûr que ces stages se transforment en CDI.

Pour nous aider, vous pouvez parler de nous à vos potes dév qui recherchent des stages, nous suivre sur Twitter (@askballoon) ou sur notre page facebook

Récemment, Balloon a été en charge du Community Management lors du Techrunch France Remix, un conférence où étaient présentes de nombreuses personnalités du Web et ils nous présentent ici les résultats pour vous donner un petit aperçu de ce que cela peut donner.