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Le web 2.0 change notre façon d’utiliser Internet. On échange de l’information, on vient plus régulièrement, on reste plus longtemps sur certaines pages, on bénéficie d’une meilleure ergonomie.
Plein d’avantages pour nous, utilisateurs. Mais quelques arrachages de cheveux pour les professionnels. Heureusement, la technologie vient apporter les solutions aux problèmes qu’elle soulève (pour une fois !).
En soi, le web 2.0 ne change pas la définition de ce qu’est un visiteur unique.
Le graal du visiteur unique désigne toujours la possibilité de reconnaître un même individu. Il y a deux informations, dans la notion de visiteur unique :
Un de mes philosophes préférés, Clément Rosset, a écrit dans “Le Réel, traité de l’idiotie” : “idiotès, idiot, signifie simple particulier, unique”. Selon lui, tout ce qui est réel est par définition unique, idiot. On appellera donc l’inaccessible visiteur ontologiquement unique, un “visiteur idiot”. :-)
Fin de la parenthèse philosophique…
Si le visiteur idiot est hors de portée de la technologie, on peut se contenter du visiteur unique. Et la définition que l’on en donne, pour reprendre les deux points ci-dessus, pourrait être :
Rien de tout cela n’a changé avec l’arrivée du web 2.0. Mais ce qui a changé, c’est la capacité technique qui nous est offerte pour améliorer l’implémentation de ces définitions.
Les robots qui aspirent les pages tentent de se faire passer pour des humains. Les systèmes de mesure d’audience se doivent donc de faire leur possible pour éliminer automatiquement les pages servies à des robots.
L’utilisation de scripts avancés, permettent de détecter à coup sûr la présence d’un être humain derrière l’écran.
Bien-sûr, les robots vont tenter de s’améliorer, et contourner un jour le système tel qu’il est déployé aujourd’hui. Mais il va leur falloir des ressources de plus en plus importantes, et nous pourrons facilement placer la barre un peu plus haut.
Dans cette course à la technologie, le but n’est pas de trouver une improbable méthode infaillible, mais de rendre le piratage plus coûteux que ce qu’il pourrait rapporter.
Voilà donc pour éviter de compter trop de visiteurs non humains.
L’autre dimension, celle de “reconnaître” un visiteur, met généralement en oeuvre des cookies (un petit fichier enregistré sur votre disque par votre navigateur). Cette fois encore, on risque de compter trop de visiteurs, en comptant plusieurs fois un même individu si son cookie n’est pas récupéré. Ce qui arrive :
Dans ces cas, on compte trop de monde. Inversement, si plusieurs personnes partagent le même ordinateur, il peut y avoir un cookie pour plusieurs idiots, pardon, individus uniques.
Le temps passé est devenu la ressource rare sur Internet. Tout le monde cherche à gagner la plus grande part du gâteau : le temps de l’internaute. Ce temps, il le gagne sur d’autres média (la télévision notamment). Mais la guerre entre les sites fait rage pour accaparer au maximum l’attention des internautes.
Ce qui change avec le web 2.0, c’est que le temps devient tellement central, qu’on ne peut plus se contenter de l’ancienne façon de le mesurer. Il y avait jusqu’à présent deux méthodes : les panels et les outils installés dans les sites.
Dans les panels (c’était notre ancien métier), on installait un logiciel sur l’ordinateur d’internautes volontaires. Qui dit logiciel, dit possibilités illimitées. On a donc pu affiner la mesure du temps en prenant en compte :
Ceci nous a permis de donner une définition plutôt simple et complète du temps passé sur une page : période pendant laquelle la page est visible ET l’utilisateur de l’ordinateur est actif.
A cette époque reculée (je vous parle d’il y a un siècle, en 2005), les outils installés sur les sites calculaient le temps d’une manière plus frustre. Le temps d’affichage d’une page s’obtenait en mesurant la différence d’heure d’affichage de la page et celle de la page suivante.
Que l’internaute soit immédiatement reparti en arrière (sur un autre site), qu’il se soit absenté quelques minutes assouvir un besoin pressant, ou qu’il ait basculé sur Excel pour faire ses comptes, rien de tout cela n’était pris en compte. Il y avait bien des méthodes a posteriori pour limiter le temps d’affichage d’une page (moins de 30 minutes, ou en fonction de la moyenne et de l’écart-type de l’affichage de cette même page par les autres internautes). Mais ça n’allait jamais très loin. Cette mesure était toujours surestimée, et pire encore, on n’était même pas capables de savoir de combien elle était surestimée.
Or, avec le web 2.0, sont apparus les outils du web 2.0. Et l’évolution technologique est venue nous permettre de porter la même définition, celle des panels, dans notre outil sur site.
Donc : “le temps passé sur un contenu est la période pendant laquelle le contenu est visible ET l’utilisateur de l’ordinateur est actif”.
A partir du moment où on a une définition fiable de la notion de temps, et que les outils permettent de la mesurer exactement le temps réellement passé, le temps peut devenir l’indicateur central du web 2.0.
Pourquoi ne l’était-il pas jusqu’à présent ? Parce que les publicités s’achetaient à la page vue, que les outils sur sites savent mesurer, alors qu’ils surestiment toujours le temps passé.
Le temps aura réellement gagné, le jour où la publicité s’achètera au temps passé.
J’ai presque déjà tout dit lorsque j’ai critiqué la notion de visite utilisée en audience 1.0. Les sessions, qui sont souvent à la base de ce concept n’ont plus de réelle signification dans le web 2.0.
Ces sessions restent une définition technique. Et le web 2.0, c’est aussi la prise de pouvoir du web par les non techniciens. Parlez-vous de session internet ? Non !
Que lit-on au contraire, comme dans un article sur l’audience de Facebook ? “37 millions d’utilisateurs, dont la moitié y va tous les jours, et qui y passent 20 minutes”. En web 1.0, on aurait dit par exemple “37 de visiteurs uniques, 22 sessions par mois et 17 pages par session”.
Autrement dit, l’audience du web 2.0 utilise le vocabulaire de tout le monde. Alors pourquoi se compliquer ? Tout le monde sait ce qu’est un jour, même si, je le rappelle, on peut en raffiner la définition (heure locale ? heure du site ? un jour qui commence à 5 heures du matin ?). Dans tous les cas, un jour dure 24 heures, pas besoin de connaître la méthodologie de l’institut de mesure d’audience pour le savoir !
Que donne alors la définition d’une visite avec le jour ? Une visite correspond à un visiteur-jour.
S’il y a en moyenne 100 visiteurs uniques par jour, on obtient sur 30 jours, 3000 visites.
Ensuite, on peut dire, que la fréquence des visites est de 20 jours par mois par exemple. Ca, ça parle à tout le monde, non ?
Tout ceci reste de la prospective, mais je veux bien prendre les paris ici : ces définitions vont s’imposer.
C’est ça aussi le web 2.0 : sim-pli-fi-ca-tion !
Le web 2.0 apporte les technologies qui rendent possibles des analyses plus fines du comportement des utilisateurs. L’intérêt de ces analyses n’est pas technique, il est plus sociologique.
En se rapprochant des concepts de l’utilisateur (le temps, la journée…), on rend les statistiques de l’internet plus compréhensibles par un public non technique. Mieux maîtrisées, elles pourront avoir de nouvelles applications, et donc de nouveaux business models. Car les statistiques sont au coeur du marketing : comprendre son sujet d’étude pour mieux agir avec lui (et non SUR lui, attention !).
Note de Marketing-etudiant.fr : Le web2.0 dans son ensemble a permis et permet toujours un accès plus simple aux services pour les internautes. De ce fait, il parraissait évident que la mesure de l’audience des sites web 2.0 soit plus “compréhensible” et plus tournée vers l’utilisateur. Comme l’indique Laurent, je pense que le prochain critère indispensable pour la vente de publicité sera le temps passé par les internautes sur les sites. Finis la course à l’audience, bienvenue à l’attachament au service !
L'auteur de cet article :
expert communautés
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